Syndrome de l'Intestin Irritable (SII)
Le SII peut causer différents et importants troubles intestinaux, pouvant être handicapants au quotidien
aussi bien dans votre vie personnelle que professionnelle.
​
Sa prévalence est estimée à 10% de la population.
​
Les femmes sont d’avantages touchées (3 femmes / 1 homme).
Les autres dénominations :
​
Syndrome du côlon irritable, côlon irritable, intestin irritable, colopathie fonctionnelle,
colite fonctionnelle, hypersensibilité intestinale, colon hypersensible, colon spasmodique …
Les Symptômes
Les Symptômes courants :
​
-
Douleur digestive avec maux de ventre
-
Crampes intestinales (colon spasmodique)
-
Ballonnements, gonflement de la paroi abdominale excessive qui peuvent provoquer des flatulences plus abondantes que la normale
-
Douleurs
-
Troubles intestinaux avec diarrhée ou constipation ou les deux en alternance avec augmentation des douleurs intestinales
​
Des symptômes moins fréquents :
​
-
Brûlures d'estomac
-
Nausées
-
Fatigue générale quotidienne souvent après les repas même non copieux
-
Douleurs musculaires comme des courbatures ou des crampes sans raison apparente (on constate un plus gros pourcentage de personnes ayant un SII chez les personnes souffrant d’une fibromyalgie)
-
Possibilité d’augmentation des troubles urinaires ou des troubles gynécologiques (avec des envies d'aller uriner plus fréquentes ainsi que des infections urinaires plus fréquentes)
​​
NB : Tous ces symptômes varient d'une personne à l'autre,
ils ne sont pas toujours tous présents et la fréquence est très variable.
Le Diagnostic
Si vous présentez les symptômes ci-dessus, il est très important de faire valider le diagnostic par un médecin avant même de démarrer toutes démarches de soins.
​​
Les critères de diagnostic :
​
Le médecin doit vérifier que vous rentrez bien dans la classification de Rome IV :
​
-
Fréquence : Présence de douleurs abdominales chroniques au moins 1 fois/semaine durant les 3 derniers mois.
-
Durée : depuis au moins 6 mois.
​​
Ces douleurs doivent être associées à au moins 2 des 3 points suivants :
-
La douleur est associée à la défécation (diminution ou augmentation)
-
Modification de la fréquence des selles
-
Modification de l'aspect des selles
​
* * * *
​
Il existe 4 types de transit dans le SII :
-
Constipation il s'agit alors d'un syndrome de l'intestin irritable de type constipé (SII-C)
-
Diarrhée il s'agit alors d'un SII de type diarrhéique (SII-D)
-
Alternance de constipation et de diarrhée il s'agit alors d'un SII de type mixte (SII-M)
-
Pas de troubles du transit évident, il s'agit alors d'un SII de type indéterminé (SII-I)
Un diagnostic d’exclusion :
​
Le médecin doit exclure les autres pathologies qui peuvent présenter les mêmes symptômes, par exemple : maladie cœliaque, maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (MICI : maladie de Crohn ou la rectocolite hémorragique), diverticules, polypes, problèmes gynécologiques, endométriose, cancer, tumeurs du tube digestif, maladies infectieuses (virales, bactériennes, parasitaires), effets iatrogènes/ secondaires de certains traitements…
Afin d'exclure les autres pathologies le médecin va devoir prescrire d'autres examens médicaux tel que : analyses de sang, analyses des selles, coloscopie avec biopsie…
​
Une coloscopie est légitime chez les patients SII-D (SII avec diarrhée prédominante) pour éliminer une colite microscopique ou une MICI; dans les autres cas elle doit être réalisée en présence de signes ou de facteur de risque de cancer colorectal (signes ou antécédents familiaux).
​
NB : il doit être confirmé par un médecin gastro-entérologue, surtout après 50 ans dans le cadre du dépistage systématique du cancer colorectal.
​
​
Si toutes les analyses sont négatives, vous pourrez être diagnostiqué comme patient souffrant d’un SII.
Cela signifie qu'il n'y a pas de lésion de l'intestin, il n'est pas abîmé mais il ne fonctionne plus correctement.
Les Causes
Elles sont multifactorielles :
​
-
Troubles de la motricité intestinale (accélérée ou ralentie)
-
Hypersensibilité viscérale
-
Influence des émotions ou du stress
-
Inflammation de la paroi intestinale
-
Dysbiose du microbiote
-
Changements hormonaux
-
Perméabilité de la muqueuse intestinale, …
Les Traitements
A ce jour, le SII n’a pas de traitement curatif, on ne peut donc pas guérir de ce syndrome.
Seuls des traitements des symptômes peuvent être mis en place pour soulager les patients
afin qu’ils retrouvent une bonne qualité de vie et souffrent beaucoup moins physiquement et moralement.
Les Traitements médicamenteux de première intention :
​
-
Les antispasmodiques : dans les formes avec douleurs abdominales et/ou ballonnement
-
Les laxatifs pour les patients avec SII-C et SII-M
-
Les anti-diarrhéiques pour les formes avec SII-D
-
Les anti-météorismes pour les ballonnement et flatulences
-
Les antidouleurs
Les Traitements médicamenteux de seconde intention :
​
En cas d’échec des traitements précédents, on peut avoir recours notamment à :
-
Des anti-dépresseurs, notamment pour les formes douloureuses
-
Des traitements utilisés dans les douleurs neuropathiques chez des patients avec hypersensibilité viscérale.
Les Traitements non médicamenteux :
​
-
Les Probiotiques : l’efficacité de ce traitement dépend de la souche testée, de la dose et de la forme utilisée. Certaines souches de bactéries (ex : la souche Bifidobacterium infantis 35624 et la souche Lactobacillus plantarum 299v) ont montré une efficacité modérée dans des études.
-
L’activité physique : il a été démontré que la pratique d’une activité physique peut entraîner une diminution de la sévérité de la maladie.
-
L'Alimentation : depuis quelques années, des études ont montré (cf. études de la Monash University à Melbourne en Australie) qu’adopter une alimentation pauvre en FODMAPs* permet de soulager de 75 à 85 % des personnes souffrant du syndrome de l’intestin irritable.
-
L’éducation thérapeutique : il a été démontré que les patients ont souvent des idées fausses notamment sur les risques d’évolution de la maladie ce qui majore l’anxiété et aggrave les symptômes, le fait d’informer les patients sur les causes de la maladie et sa bénignité diminue le recours aux soins et la sévérité du SII, et favorise des stratégies d’adaptation.
-
Certaines recommandations « standards » ont montré une efficacité sur une courte période. Il s’agit de :
-
faire 3 repas par jour, ni trop ni trop peu, en évitant d’avoir faim ou de se sentir « trop plein »
-
manger lentement, au calme et en mâchant bien les aliments
-
réduire la quantité d’aliments gras ou épicés, de café, d’alcool, d’oignons, de choux, et de haricots
-
éviter les boissons gazeuses, les chewing-gums et les édulcorants finissant par « -ol »
-
répartir l’apport de fibres de façon homogène sur la journée
-
​
​
NB : Il n’existe aucun intérêt à proposer un régime sans gluten aux patients en l’absence de maladie cœliaque avérée même si une sensibilité au gluten sans maladie cœliaque a été décrite récemment.
*Une alimentation pauvre en FODMAPs sur du long terme n’est pas souhaitable pour le bien être du microbiote, c’est pourquoi un protocole en 3 phases a été mis en place, permettant une plus grande diversité alimentaire pour le patient et son microbiote.
Les traitements alternatifs :
​
-
l’hypnose dirigée vers le tube digestif (une technique de relaxation profonde) a montré son efficacité au cours d’études randomisées, surtout chez les sujets de moins de 50 ans et chez les patients signalant que leurs symptômes sont déclenchés par le stress.
-
d’autres techniques de relaxation (sophrologie, yoga) pourraient être utiles si le patient ne peut pas être pris en charge par un personnel formé à l’hypnose.
-
l’effet bénéfique à court terme de l’ostéopathie viscérale a été rapporté dans deux études françaises randomisées, avec une récidive des symptômes après l’arrêt du traitement. Une étude nationale sur l’effet à long terme est en cours.
-
L’acupuncture est jugée comme inefficace mais une variante, l’auriculothérapie, a montré son efficacité dans les douleurs aiguës
-
les thérapies cognitivo-comportementales : peu utilisées en France, peuvent aussi avoir une certaine efficacité.